Michele Placido retrace dans son Caravage la vie d’une époque et celle d’un peintre dont tout le monde a entendu le nom mais dont peu connaissent la subversion.
Le film procède par une série de scènes qui rendent la violence et la cruauté du début du 17ème. Ici, l’appui de la chronologie est moins important que celui des lieux car la vision de Michele Placido est spatiale avant d’être temporelle. C’est l’aller-retour entre Naples et Rome qui structure le film.
Pour ancrer le Caravage dans son époque, la rencontre avec Giordano Bruno est puissante et définitive. La parole qu’on étouffe et qu’on noie dans le sang a quelque chose de superbe car elle dit à elle seule le musèlement des arts et l’hégémonie du pouvoir religieux.
La carnation des hommes et des femmes qui habitent le siècle est magnifiquement rendue par des jeux de lumières travaillés comme on l’attend évidemment dans un tel biopic. Le tableau de la Mort de la Vierge qui se fige sous nos yeux est bouleversant : c’est un grand moment de cinéma.
Ce film mosaïque, dans son choix de déconstruire le récit, est parfois un peu emmêlé sans être brouillon car on comprend qu’il y a un message à retenir à la sortie : Le Caravage peint le petit monde des saints avec la grandeur du peuple.
Il faut finir sur la performance d’Isabelle Huppert et surtout sur un Louis Garrel transfiguré et remarquable.